Hommes et femmes : les naufragés du couple.

Naufragés du couple, hommes et femmes d’aujourd’hui ont des difficultés à trouver un(e) partenaire et/ou à pérenniser leur couple dans la satisfaction commune.

Hommes et femmes : naufragés du couple

Un couple, Judith (Carole Bouquet) et Francis (André Dussollier), dans une ville de romance condamnée au naufrage. PH. DR[]

Face aux difficultés que rencontrent hommes et femmes d’aujourd’hui à trouver un/une partenaire et/ou à pérenniser leur couple dans la satisfaction commune, nous pouvons nous interroger sur les dysfonctionnements, les freins, les croyances qui pourraient en être à l’origine.

Dans un premier temps il nous a fallu faire table rase de ce que l’on pensait être « la société ». Nous avons cherché des informations concrètes, chiffrées, sur l’état des populations sur 2 axes :

la sociologie de la famille (histoire, mutations, données démographiques, cartes et graphiques)
la santé mentale (origine des troubles, facteurs environnementaux, corrélations diverses)

Hommes et femmes : Sociologie de la famille

Dans un article [ref]Nouvelles familles, nouveaux défis pour la sociologie de la famille » Anne Quéniart et Roch Hurtubise URI :http://id.erudit.org/iderudit/001602ar[/ref] consacré à la discipline, A. QUENIART et R.HURTUBISE montrent à quel point il devient impossible de définir la famille aujourd’hui. Il y a beaucoup trop de mutations, plus de modèle conjugal particulier, trop de différences dans les compositions familiales.

Dans les années 60, la population commence à s’intéresser à ces questions. Le modèle de la vie familiale est contesté par de multiples chercheurs, majoritairement des femmes… Elles remettent en cause l’opinion sur les rôles conjugaux issus d’un système patriarcal et naturaliste. Cela peut s’expliquer par différents facteurs : la diminution de la fécondité, la baisse du nombre moyen d’enfants, l’augmentation des séparations et des divorces.

La famille est l’institution qui fonde le couple conjugal. Avant imposé, aujourd’hui choisi, nous sommes libres de vivre célibataires, divorcés, mariés, PACSés, en concubinage etc. Une des conséquences : le nombre de familles monoparentales à plus que doublé depuis 30 ans : 20% de parents isolés en 2009. Il s’agit majoritairement de femmes puisque dans 85% des cas de divorce, la garde est en effet confiée à la mère. Ci dessous la carte du nombre de familles monoparentales en 2007 [ref]Source : Insee, enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2007[/ref]

Hommes et femmes : Familles Monoparentales

 

Ces données interrogent à plusieurs niveaux :

  • les études de l’INSEE[ref]Source : Insee, enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2007.[/ref] montrent que les mères célibataires ont de plus grandes difficultés à revivre en couple, alors qu’un homme a 23% de chances de plus de trouver une nouvelle partenaire.
  • La précarité touche de plein fouet ces populations qui connaissent de vraies difficultés d’accès à un emploi stable, cumulant ainsi des facteurs de vulnérabilités (ressources, qualifications, contrats stables).[ref]INSEE Première n°797, Juillet 2001[/ref]

Hommes et femmes : Taux de pauvreté

 

  • 20% des enfants grandissent dans ces familles, quelles conséquences ?

L’augmentation des unions par PACS, le recul du nombre de mariages , l’allongement de la cohabitation, l’augmentation des divorces et séparations sont autant d’indicateurs d’un trouble manifeste du couple et plus largement de la famille.

Hommes et femmes : Nombre de divorces

 

Hommes et femmes : 1 couple non marié sur 2 ne résiste pas à l’arrivée d’enfants

F.PRIOUX montre dans son étude[ref]France PRIOUX « Modèles familiaux en Europe. Des tendances communes mais des différences notables » Grande Europe n°4 – Janvier 2009 – La Documentation Française[/ref] sur les modèles familiaux en Europe que :

  • 40% des femmes sans enfant vivent en couple sans être mariées
  • 20% des femmes avec enfants vivent en couple sans être mariées
  • 1 couple non marié sur 2 ne résiste pas à l’arrivée d’enfants

Cette étude souligne combien la cohabitation sans union résiste mal à l’arrivée des enfants, et questionne l’allongement des périodes de vie commune et l’augmentation du nombre de naissances hors mariage.

Hommes et femmes : Nombre de mariages

Chacun testant son rôle, sa place au sein du couple pendant des années, souhaitant « valider » son bon fonctionnement, comme si tout était sans cesse à définir. Les couples mariés connaissent moins ces difficultés et notamment lors de l’arrivée des enfants.

Hommes et femmes : L’état de santé mentale

Hommes et femmes : Nombre de lits en psychiatrie

Les épisodes dépressifs, troubles anxieux et syndromes d’allure psychotique ont nettement progressé ces dernières années. La prise en charge également mais il est intéressant de noter que le facteur prédominant à l’origine de ces troubles n’est pas le chômage comme on pourrait le penser pour la majorité, mais bien le statut «amoureux ». Le fait d’être au chômage ne constitue que le 2eme facteur le plus corrélé aux troubles de santé mentale.

Selon une étude de la DRESS[ref]Troubles mentaux et représentations de la santé mentale, http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/pdf/er347.pdf[/ref], une personne divorcée/séparée/veuve à 2,2 fois plus de risque de vivre des épisodes dépressifs récurrents. Une personne célibataire 1,5 fois plus de risques.

On comprend bien que les mères célibataires ayant des difficultés d’accès à l’emploi sont largement plus à risque que les autres.

De même pour les troubles anxieux, les femmes sont systématiquement plus touchées que les hommes par les pathologies liées à l’anxiété, notamment sur la tranche d’âge 30/50 ans.

Selon une autre étude de la DRESS[ref]L’état de santé de la population en France – Rapport 2011 – DRESS[/ref] , plus la catégorie socio-professionnelle des femmes est élevée, plus elles ont de risques d’avoir recours à une alcoolisation chronique.

De plus près d’une personne divorcée ou séparée sur 20 présente un risque suicidaire élevé. Autrement dit, un divorce, une séparation ou le célibat augmente de 4 fois le risque suicidaire.

Hommes et femmes : Conclusions

Il est intéressant de superposer les cartes de données pour mettre en exergue les corrélations importantes . Il serait trop facile de dire que les unes sont les conséquences des autres, mais il y a des liens à repérer entre les données.

Sur les zones où le taux de pauvreté est le plus élevé, nous retrouvons des taux élevés de divorces, de familles monoparentales et très peu d’unions (mariages):

  • Dans quel sens devons-nous l’interpréter ?
  • La solitude est-elle un frein d’accès à l’emploi ?
  • Les troubles de santé mentale rendent-ils la rencontre amoureuse compliquée ou sont-ils la conséquence d’une solitude trop difficile à vivre ?

Quoiqu’il en soit, la relation de couple est mise à mal, les rôles de chacun sont flous, incertains et changeants:

  • Que désire vraiment la femme ?
  • Que désire vraiment l’homme ?
  • Sont-ils en accord avec leur énergie profonde ?
  • Quels sont les leviers à mettre en place pour retrouver une harmonie de soi à soi puis de soi à l’autre ?

, , , ,

4 Responses to Hommes et femmes : les naufragés du couple.

  1. joachim Fernandez 24 septembre 2013 at 11 h 57 min #

    Si c est article donne une vision sociologique il evoque la difficultee des couples, femmes seules ou hommes seul a definir le role de chacun, ses desirs, et lharmonie de soi a soi. Je pense qu avant tout il y a, entre autres, une dificultee ou mauvaise interpretation a definir la relation amoureuse,definir l amour tout court. Comment aimer sans renoncer a soi meme, l amour a ses limites et il peut faire souffrir. Il nous appartient d abord d essayer en nous memes de definir ceque nous appellons amour, ses limites et aussi apprendre a se detacher sans anestesie, car ceci fait partie aussi de la relation. On en revient toujpours a la meme chose: se travailler, prendre conscience de nos styles afectifs de chacun, les identifier et les afronter pour eviter de souffrir ou meme ne pas se relacioner avec ce type de partenaire… ,

    • Olivia Rivoire 24 septembre 2013 at 12 h 51 min #

      Merci Joachim pour votre commentaire qui étend la question sociologique du couple à une question plus philo/psychologique de ce qu’est l’Amour. Il conviendrait effectivement de savoir de quoi on parle précisément, si il existe une ou plusieurs définitions, la mienne, la votre, comment se détermine le choix amoureux etc… Sur un prochain article!

  2. Nathalie Bonnefoy 25 septembre 2013 at 16 h 34 min #

    Très bon article! Ma réflexion se porterait plus sur les croyances … qui nous poussent, depuis des décennies , a adopter des comportements envers nos conjoints (tes) totalement inadaptés à un réel partage dans le couple! Nos réelles convictions , nos ressentis, nos émotions sincère et impulsives sont parasités par des attitudes « commandées » par des «  »il est bien de faire.. » « on se doit de.. » etc… A mon humble avis cela crée un stress et de l’anxiété dans nos relations de couple! Etre soi entièrement et fidèlement me parait une solution.. Ceci n’est qu’une petite intervention de ma part sans prétention , en sachant que le sujet est encore plus complexe!! Bravo et merci!

  3. briois 31 mars 2014 at 11 h 08 min #

    Bonjour, durant ma carrière, ma vie personnelle et professionnelle, mes rencontres … je peux aujourd’hui avoir un recul sur tout cela est je peux me rendre compte que non seulement le couple est condamne à reproduire mais aussi les relations parents enfants et parents adultes lorsque ces derniers ont des rôles inversés. Je pense aux enfants qui s’occupent de leurs parents, des grands parents … etc. Prendre conscience de la culpabilité (que ce soit de la sienne ou de celle de l’autre) avec détachement n’est pas un sentiment facile à adopter ni à adapter sur soi. Chasser le naturel il revient au galop. cependant ralentir le processus de culpabilité dans les actes permet d’y faire face et de se modérer. Accepter nos différences et rester sur ces gardes. …/…